Nous vous proposons aujourd’hui des extraits (titres et résumés) d’articles publiés dans un dossier thématique inclus dans la revue Economie et Statistiques n° 539 du 12 juillet 2023 sur le site de l’INSEE (cliquer ici pour accéder au site de l’INSEE)
https://www.insee.fr/fr/statistiques/7647243?sommaire=7647248.html
Insee, Économie et statistique n° 539, Dossier thématique p. 3-71, 2023.
Les entreprises ayant eu davantage recours au télétravail en 2019 sont en moyenne plus productives et ont globalement mieux résisté à la crise. Les estimations permettent d’évaluer qu’une augmentation globale importante du recours au télétravail à long terme pourrait améliorer la productivité d’environ 10 %. Les résultats montrent aussi des effets non linéaires du télétravail sur la productivité.
Les liens entre télétravail et productivité pendant et après la pandémie de Covid-19 (Chiara Criscuolo, Peter Gal, Timo Leidecker, Francesco Losma et Giuseppe Nicoletti)
RÉSUMÉ
RÉSUMÉ
Motivé par l’adoption soudaine du télétravail à la suite de la pandémie de Covid-19, le Forum mondial de l’OCDE sur la productivité (Global Forum on Productivity) a mené une enquête en ligne auprès de dirigeants et d’employés de 25 pays sur leur expérience et leurs attentes en matière de télétravail, en mettant en particulier l’accent sur la productivité et le bien-être. Les répondants ont une opinion globalement positive sur le télétravail, tant du point de vue de la performance de l’entreprise que de celui du bien-être individuel, et souhaitent que la part des télétravailleurs augmente par rapport aux niveaux d’avant la crise. En moyenne, ils estiment le volume idéal de télétravail à 2-3 jours par semaine, ce qui est cohérent avec l’idée que les avantages (moins de déplacements domicile-travail, moins de distractions, etc.) et les inconvénients (détérioration de la communication, moindres échanges de connaissances, etc.) s’équilibrent à un niveau intermédiaire d’intensité de télétravail. Les dirigeants devront également opérer d’autres changements, comme la coordination des emplois du temps ou encore des investissements supplémentaires dans les outils et compétences en technologies de l’information et de la communication (TIC).
Télétravail et productivité avant, pendant et après la pandémie de Covid-19 (Antonin Bergeaud, Gilbert Cette et Simon Drapala)
RÉSUMÉ
Nous exploitons les résultats d’une enquête de la Banque de France auprès des entreprises françaises sur leur recours au télétravail en 2019 et pendant le premier confinement du printemps 2020. À l’aide d’informations détaillées sur leur bilan et comptes de résultats, nous montrons que celles ayant eu davantage recours au télétravail en 2019 sont en moyenne plus productives et ont globalement mieux résisté à la crise. Elles sont également plus grandes et relativement moins capitalisées, même si les immobilisations en matériels informatiques et en capital incorporel y sont plus élevées que dans les autres entreprises. Les estimations permettent d’évaluer qu’une augmentation globale importante du recours au télétravail à long terme pourrait améliorer la productivité d’environ 10 %. Les résultats montrent aussi des effets non linéaires du télétravail sur la productivité. Les entreprises qui avaient déjà recours au télétravail en 2019 souhaitent plus souvent que les autres l’amplifier dans le futur, et celles qui envisagent de l’amplifier dans le futur envisagent plus souvent que les autres une augmentation de leurs investissements informatiques mais aussi un déménagement.
Commentaire – Télétravail et productivité trois ans après les débuts de la pandémie (Pierre Pora)
RÉSUMÉ
Depuis mars 2020, la pandémie de Covid‑19 a conduit de nombreuses entreprises et de nombreux salariés à recourir au télétravail. Les articles de Bergeaud et al. (2023) et Criscuolo et al. (2023) documentent finement les effets du télétravail sur la productivité, et plus largement sur les comportements des entreprises et des salariés, avant et pendant la crise sanitaire. Ce commentaire discute leurs résultats au regard de la connaissance incertaine que l’on avait des effets du télétravail avant la crise sanitaire, mais aussi des difficultés techniques et conceptuelles soulevées par l’estimation des conséquences du recours au télétravail. Il s’interroge enfin sur le paradoxe apparent qui veut qu’en dépit de ses effets positifs tant sur l’efficacité productive des entreprises que sur les conditions de travail des salariés, le télétravail soit resté une organisation du travail marginale avant 2020.