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Ménages : finances au jour le jour (15 12 2023)

Nous vous proposons aujourd’hui cette note publiée le 5 décembre 2023 sur le site de l’INSEE (cliquer ici pour accéder au site de l’INSEE)

https://www.insee.fr/fr/statistiques/7721885.html

La situation financière des ménages au jour le jour

par Odran Bonnet, Tristan Loisel, Tom OIivia, Lionel Wilner (Insee), Ouleye Diop (La Banque Postale) - INSEE ANALYSES   No 90    Paru le : 05/12/2023

 

Sur les huit premiers mois de 2023 comme en 2022, parmi les clients de La Banque Postale, un ménage sur quatre connaît au moins un épisode de découvert par mois pendant trois mois consécutifs, soit légèrement moins qu’avant la crise sanitaire. Les familles monoparentales et les ménages dont les revenus sont majoritairement des prestations sociales ou familiales se retrouvent deux fois plus souvent dans cette situation de précarité financière.

En moyenne, un quart des ménages percevant un revenu régulier (salaire, prestation, etc.) sont à découvert la veille du jour de paie. Ce risque de découvert concerne tous les groupes de ménages, y compris des ménages aisés ; cependant, il est plus élevé pour les ménages les moins aisés, particulièrement pour ceux dont les revenus proviennent majoritairement de prestations sociales ou familiales : ce risque est près de deux fois plus fort pour ces derniers. Le lendemain du jour de paie, les ménages dépensent par carte bancaire, en moyenne, deux fois plus qu’un jour moyen, contre 3,6 fois plus pour le quart des ménages aux plus faibles revenus.

 

Avertissement : Afin d’analyser l’évolution des dépenses de consommation au sein d’un cycle mensuel de paie, cette étude mobilise des données anonymisées de comptes de La Banque Postale. Elle s’appuie sur un échantillon de clients de cette banque et n’est donc pas nécessairement représentative de l’ensemble de la population.

 

Sommaire

Une précarité financière stable depuis un an

Un quart des ménages avec des revenus réguliers sont à découvert le jour précédant la perception du revenu

Le lendemain de la perception du revenu, les ménages dépensent, en moyenne, deux fois plus qu’un jour moyen

Les ménages modestes concentrent leurs dépenses les jours qui suivent la perception du revenu

Des retraits d’espèces multipliés par 2,5 le lendemain d’un jour de perception du revenu

 

Une précarité financière stable depuis un an

 

Un ménage est à découvert si le solde d’un de ses comptes courants est négatif. Être à découvert n’est pas toujours synonyme de difficulté financière : un ménage peut être à découvert par manque de liquidité ou par inadvertance un mois donné. Pour un échantillon anonymisé de clients de La Banque Postale, si 34 % des ménages connaissent un découvert en août 2023, seuls 9 % des ménages ont un patrimoine financier brut négatif dans la banque en fin de mois, et 24 % sont à découvert au moins une fois par mois pendant les trois mois consécutifs de juin à août. En août 2023 toujours, 22 % des ménages ont dépassé plus de cinq jours le montant de découvert autorisé. La persistance du découvert est nettement plus élevée pour les familles monoparentales (48 % d’entre elles sont à découvert au moins un jour par mois au cours des trois derniers mois en août 2023) ainsi que pour les ménages dont les revenus proviennent majoritairement de prestations sociales ou familiales (46 % d’entre eux sont dans la même situation).

 

Cette proportion de ménages à découvert trois mois consécutifs a connu un point bas à la suite du premier confinement (21 %), puis a augmenté avant de se stabiliser depuis un an à un niveau légèrement inférieur à celui qui prévalait avant la crise sanitaire (24 % au premier semestre 2023, contre 26 % au premier semestre 2019). Selon cet indicateur, la situation financière des familles monoparentales s’est détériorée depuis 2021 ; elle est un peu plus précaire qu’avant la crise sanitaire. D’autres indicateurs de précarité, étudiés précédemment et recalculés sur ces données, comme la part des ménages avec un patrimoine financier brut négatif ou encore la part des ménages avec plus de cinq jours à découvert dans le mois, connaissent des évolutions similaires.

 

Un quart des ménages avec des revenus réguliers sont à découvert le jour précédant la perception du revenu

 

Une caractérisation au jour le jour du profil des découverts et des dépenses par carte des ménages permet d’apporter un éclairage nouveau sur la précarité financière des ménages et sur leurs difficultés éventuelles à « boucler les fins de mois ».

Parmi les ménages identifiés comme percevant un revenu régulier (environ 80 % de l’échantillon chaque mois), un quart sont à découvert le jour précédant la perception du revenu. Cette part s’élève à 31 % parmi les ménages les moins aisés (situés dans le premier quart de la distribution des revenus des clients de la banque). Même lorsqu’ils perçoivent un revenu régulier, les familles monoparentales, les allocataires du RSA et, plus généralement, les ménages dont les revenus proviennent majoritairement de prestations sociales ou familiales sont exposés à un risque encore plus élevé, supérieur à 40 %. Parmi les ménages les plus aisés (situés dans le dernier quart de la distribution des revenus des clients de la banque), 23 % sont à découvert en fin de mois. Une partie des ménages aux revenus élevés disposent en effet de peu de liquidités – un phénomène documenté dans d’autres pays, qui peut s’expliquer notamment par la détention d’actifs illiquides comme les actifs immobiliers ou encore l’assurance‑vie.

 

Au cours d’un mois, le risque d’être à découvert augmente mécaniquement jusqu’au jour de la perception du revenu. Ce jour-là, la part des ménages à découvert est quasi nulle, mais 10 jours après, elle atteint 10 % pour l’ensemble des ménages et déjà 20 % pour les familles monoparentales ainsi que pour les ménages dont les revenus sont majoritairement des prestations sociales ou familiales.

En outre, être à découvert la veille du jour de perception du revenu est un phénomène persistant : trois ménages sur quatre à découvert ce jour-là le restent d’un mois sur l’autre.

 

Le lendemain de la perception du revenu, les ménages dépensent, en moyenne, deux fois plus qu’un jour moyen

 

Le profil des dépenses de consommation au fil du mois renseigne également sur la manière dont les ménages font face à leur contrainte budgétaire. Pour chaque jour du mois, le rapport entre la dépense quotidienne de ce jour et la dépense quotidienne moyenne sur le mois permet de mettre en évidence des écarts avec un jour ”moyen”.

Ce rapport connaît un pic le lendemain de la perception du revenu : en moyenne, les ménages dépensent ce jour-là deux fois plus qu’un jour moyen. Cet ”effet jour de paie” a été qualifié comme tel par des études sur des données américaines, britanniques ou islandaises.  Les dépenses une semaine de paie (ou assimilée) sont supérieures de 27 % aux dépenses hebdomadaires moyennes, un ordre de grandeur comparable aux résultats des études précédentes.

 

Les ménages modestes concentrent leurs dépenses les jours qui suivent la perception du revenu

 

Des dépenses plus élevées le lendemain de la perception du revenu sont cohérentes avec un report contraint des dépenses de consommation par les ménages concernés. En particulier, les familles monoparentales concentrent leurs dépenses le lendemain de la perception du revenu (3,3 fois plus de dépenses ce jour-là qu’un jour moyen), tout comme les ménages dont les revenus proviennent majoritairement de prestations sociales ou familiales (4,5 fois plus de dépenses ce jour-là qu’un jour moyen). Les dépenses du quart des ménages aux plus hauts revenus sont 1,6 fois plus élevées, quand celles du quart des ménages aux plus bas revenus le sont 3,6 fois plus. La semaine qui suit la perception du revenu, ces derniers ont dépensé l’équivalent de 11,2 jours moyens (soit +60 % par rapport aux dépenses hebdomadaires moyennes). Les plus modestes paraissent ainsi davantage susceptibles de devoir reporter leurs dépenses de quelques jours, probablement en partie pour éviter d’être à découvert ou que le découvert soit trop élevé.

Par ailleurs, les individus à découvert la veille d’un versement de revenu régulier dépensent l’équivalent de 3,8 jours le lendemain de sa perception, alors que les individus qui ne le sont pas dépensent à peine plus qu’un jour habituel. Les dépenses supplémentaires observées au voisinage d’un jour de perception du revenu paraissent ainsi cohérentes avec l’existence de contraintes de liquidité, conduisant les ménages concernés à décaler leurs dépenses.

 

Des retraits d’espèces multipliés par 2,5 le lendemain d’un jour de perception du revenu

 

Par rapport à un jour moyen, les dépenses effectuées dans des supermarchés, des magasins alimentaires ou de vêtements sont plus élevées de 81 % le jour qui suit la perception du revenu, celles de pharmacie (incluant la parapharmacie) de 54 %. Les dépenses effectuées en station-service augmentent, elles aussi, d’environ 60 % le jour qui suit la perception du revenu, tout comme certaines dépenses de biens durables, relatives à l’ameublement et à l’équipement du foyer (+61 %). Les dépenses dans les agences de voyage et les hôtels semblent être celles qui augmentent le moins à ce moment-là (+28 %). Dans le même temps, les retraits d’espèces augmentent substantiellement : les montants retirés dans les distributeurs sont multipliés par 2,5 le lendemain d’un jour de perception du revenu.

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