Question de sénateur et réponse ministérielle publiées le 13 mai 2009 sur le site du Sénat (cliquer ici pour accéder au site du Sénat)
http://www.senat.fr/basile/visio.do?id=qSEQ09040511S&idtable=q214066|q213915|q213916|q213973|q213963|q214098|q214099|q214131|q213922|q213938&&rch=qs&de=20090401&au=20090515&dp=3+ans&radio=deau&aff=ar&tri=da&off=0&afd=ppr&afd=ppl&afd=pjl&afd=cvn
Question orale n° 0511S de M. Guy Fischer (sénateur CRC-SPG du Rhône)
J’appelle l'attention de M. le ministre du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville sur un projet de décret relatif à la création d'un répertoire national commun de la protection sociale (RNCPS).
Ce RNCPS aurait vocation à regrouper des données d'état civil et d'affiliation, ainsi que les montants et la nature de toutes les prestations servies (en nature et en espèces), les coordonnées géographiques, téléphoniques, électroniques, déclarées par les assurés, allocataires et retraités ainsi que leurs revenus, et offrira simultanément un service de gestion des échanges informatisés aux organismes de protection sociale et aux administrations fiscales.
La conservation de données sensibles et privées est prévue sur une période de cinq ans, renouvelable indéfiniment tant que l'on reste assuré social.
Le RNCPS concernerait les données centralisées par les organismes contributeurs chargés de la gestion d'un régime obligatoire de sécurité sociale, les caisses assurant le service des congés payés et le pôle emploi. L'article R. 114-26 précise quant à lui que le droit d'opposition ne s'appliquerait pas à ce dispositif.
L'article R. 114-28 renvoie à un arrêté à venir pour fixer la liste -très nombreuse - des risques, droits et prestations et des organismes présents dans le RNCPS.
Selon la direction de la sécurité sociale, « une soixantaine d'organismes sont concernés par l'alimentation du RNCPS » et « un nombre bien plus important encore de structures y aura accès ». Un certain nombre de nos collègues de la commission des affaires sociales ont entendu ces propos, qui ont été tenus lors d'une audition par la mission d'évaluation et de contrôle de la sécurité sociale.
Combiné à d'autres dispositifs similaires cela contribuerait à amplifier de façon considérable les divers croisements de fichiers de données sociales, fiscales et territoriales, hors de l'assentiment et de la connaissance des assurés sociaux, des familles et des retraités.
Il est clair que nous assistons là à une nouvelle attaque contre les personnes en grande difficulté, c'est-à-dire les personnes précaires, les chômeurs et les smicards. Lors du transfert de la gestion du RMI aux départements, une véritable chasse aux fraudeurs avait déjà été instaurée.
Ensuite, le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2007 avait instauré un contrôle systématique du train de vie des allocataires des minima sociaux et fait du numéro d'inscription des personnes au répertoire national d'identification des personnes physiques, ou NIR, la clé d'accès au futur dossier médical personnel, ou DMP.
Je m'étais déjà élevé, à l'époque, contre ces dispositions scandaleuses, fondées sur l'idée que tout allocataire de prestations pourrait être fraudeur parce qu'il est propriétaire de son logement ou de son véhicule. Je prédisais d'ailleurs que ce gouvernement envisageait d'aller plus loin et d'interconnecter tous les fichiers.
C'est quasiment chose faite, et vous parachevez aujourd'hui ce « super-contrôle » informatisé de nos concitoyens. Il s'agit là d'une atteinte inacceptable à la liberté de l'individu, doublée d'un cynisme stigmatisant les plus défavorisés.
Pour toutes ces raisons, je demande le retrait du projet de décret concernant le RNCPS.