https://www.insee.fr/fr/statistiques/5351312.html
Le pouvoir d’achat du salaire net dans le secteur privé a progressé de 13,1 % entre 1996 et 2018 par Emmanuel Berger et Émeline Clé (Insee)
Entre 1996 et 2018, le salaire net moyen en équivalent temps plein des salariés du secteur privé a augmenté de 13,1 %, en euros constants, soit de 0,6 % par an en moyenne. Le salaire des ouvriers a progressé plus rapidement que celui des autres catégories socioprofessionnelles. Les disparités salariales ont légèrement diminué en deux décennies, du fait de leur réduction parmi la moitié des salariés les moins rémunérés. L’écart de salaire moyen entre femmes et hommes est de 16,3 % en 2018, il s’est réduit d’un quart depuis le milieu des années 1990.
Sommaire
- Les salaires ont augmenté de 0,6 % par an en moyenne entre 1996 et 2018
- Les changements dans la structure des emplois ont eu un rôle majeur dans la dynamique du salaire moyen
- Après avoir baissé entre 1996 et 2009, les disparités salariales ont légèrement progressé depuis
- Depuis 1996, le salaire des ouvriers a davantage progressé que celui des autres catégories socioprofessionnelles
- Les salaires dans l’industrie ont été plus dynamiques que dans les autres secteurs d’activité
- L’écart salarial entre femmes et hommes s’est réduit d’un quart en vingt ans
Les salaires ont augmenté de 0,6 % par an en moyenne entre 1996 et 2018
Entre 1996 et 2018, le salaire annuel net moyen en équivalent temps plein (EQTP) des salariés du secteur privé, apprentis et stagiaires inclus, a augmenté de 13,1 % en euros constants, soit de 0,6 % en moyenne par an ; il atteint 27 980 euros en 2018. Pour les seuls salariés à temps complet, pour lesquels les données sont disponibles sur plus longue période, le pouvoir d’achat des salaires a progressé de 2,0 % en moyenne par an depuis 1951 : particulièrement dynamique pendant les Trente Glorieuses et jusqu’au deuxième choc pétrolier (+ 4,3 % en moyenne par an jusqu’en 1978), il a ensuite ralenti (+ 0,5 % en moyenne par an sur la période 1978-2018)
Les changements dans la structure des emplois ont eu un rôle majeur dans la dynamique du salaire moyen
Les salariés sont de plus en plus qualifiés et la répartition des emplois par secteur d’activité a évolué. L’effet de la structure des emplois, ici défini par la catégorie professionnelle et le secteur d’activité, explique environ 55 % de la hausse du salaire moyen depuis 1996, l’évolution des salaires à catégorie socioprofessionnelle et secteur donnés expliquant le reste. En effet, les cadres représentent 21 % des salariés dans le secteur privé en 2018, contre 13 % vingt ans auparavant, tandis que la part des ouvriers s’est réduite de 38 % à 30 %. La répartition des emplois par secteur d’activité, avec le déclin de l’industrie (16 % des salariés en 2018 contre 29 % en 1996) et l’essor des services (58 % contre 46 %), modifie aussi la structure des emplois.
Après avoir baissé entre 1996 et 2009, les disparités salariales ont légèrement progressé depuis
Entre 1996 et 2018, le salaire médian (D5), qui partage les salariés en deux groupes d’effectifs égaux, a augmenté de 10,7 % en euros constants, soit de 0,5 % en moyenne par an. Pour le premier décile (D1), niveau de salaire au-dessous duquel se situent les 10 % de salariés les moins rémunérés, la croissance est un peu plus forte : + 15,3 % sur la période, soit de + 0,6 % en moyenne par an. De même, à l’opposé de l’échelle salariale, le neuvième décile (D9), niveau au-dessus duquel se situent les 10 % de salariés les mieux rémunérés, a davantage augmenté que la médiane : + 13,7 % sur la période, soit de + 0,6 % en moyenne par an. Le rapport interdécile D9/D1, qui mesure la dispersion des salaires, s’établit à 2,98 en 2018, un niveau légèrement inférieur à celui de 1996 (- 0,05 point). Il s’était toutefois replié davantage entre 1996 et 2009 (– 0,16 point), avant d’augmenter de nouveau depuis. Cette baisse résulte principalement de la réduction des disparités salariales dans la moitié inférieure de la distribution, le rapport D5/D1 se repliant de 0,06 point sur la période. En revanche, dans la moitié supérieure de la distribution, la dispersion des salaires, mesurée par le ratio D9/D5, a augmenté de 0,05 point.
Depuis 1996, le salaire des ouvriers a davantage progressé que celui des autres catégories socioprofessionnelles
Entre 1996 et 2018, le salaire annuel net moyen en EQTP des ouvriers a augmenté de 15,3 %, soit de 0,6 % en moyenne par an en euros constants ; il s’élève à 21 460 euros en 2018. Plus dynamique que celui des autres catégories socioprofessionnelles, il évolue à un rythme proche de celui du Smic net pour un temps plein (+ 0,7 % en moyenne par an entre 39 heures par semaine en 1996 et 35 heures en 2018). Le salaire moyen des employés (20 470 euros en 2018) a un peu moins progressé que celui des ouvriers sur la même période (+ 0,4 % en moyenne par an en euros constants). Les salaires d’une partie des employés et des ouvriers, notamment les moins qualifiés, sont proches du Smic et peuvent bénéficier de ce fait de ses revalorisations, directement ou par un effet de diffusion, au travers notamment d’accords de branches.
Le salaire des cadres (50 600 euros en 2018) a augmenté en moyenne de 0,2 % par an. Parce qu’ils intègrent une part variable liée à la performance individuelle ou collective plus forte que pour les autres catégories de salariés, les salaires des cadres sont les plus sensibles aux chocs conjoncturels : s’ils ont bénéficié des plus fortes hausses au début des années 2000, leurs salaires ont en revanche davantage baissé de 2009 à 2013, à la suite de la crise économique de 2008, et ils progressent depuis à un rythme moindre que ceux des employés et des ouvriers. Enfin, le salaire des professions intermédiaires (28 480 euros en 2018) est resté relativement stable année après année entre 1996 et 2018. Il n’a progressé que de 0,1 % par an en moyenne sur l’ensemble de la période.
Les salaires dans l’industrie ont été plus dynamiques que dans les autres secteurs d’activité
Entre 1996 et 2018, le salaire annuel net moyen en EQTP dans l’industrie a augmenté de 21,5 %, soit de 0,9 % en moyenne par an en euros constants, et plus rapidement que pour l’ensemble du secteur privé
Il s’élève en 2018 à 30 990 euros. Dans la construction, où il est de 25 090 euros en 2018, la hausse a atteint 0,6 % en moyenne par an. Dans le commerce, il a progressé au même rythme en se maintenant à un niveau un peu plus élevé, 25 660 euros en 2018. Dans les services, il s’est accru de 0,4 % en moyenne par an, pour atteindre 28 150 euros en 2018. Cette moyenne recouvre toutefois de grandes disparités de niveau et d’évolution selon les activités : le salaire moyen a augmenté par exemple de 0,3 % en moyenne par an jusqu’à 26840 € dans les transports, contre + 0,9 % par an dans les services financiers, où il s’élève à 42 240 euros en 2018.
L’écart salarial entre femmes et hommes s’est réduit d’un quart en vingt ans
En 2018, le salaire annuel net moyen des femmes est de 25 110 euros et celui des hommes de 30 020 euros. Une salariée gagne ainsi en moyenne en EQTP 16,3 % de moins que son homologue masculin. Cet écart résulte pour partie des différences de structure des emplois des femmes et des hommes, notamment par secteur et niveau de qualification. Il s’est réduit de près de 6 points, soit d’un quart, par rapport à son niveau de 1996. Le salaire net moyen des femmes a progressé plus rapidement que celui des hommes sur la période : + 0,8 % par an en moyenne pour les premières, contre + 0,5 % pour les seconds. La réduction de l’écart salarial entre femmes et hommes résulte notamment de la hausse de la part des femmes parmi les emplois les plus qualifiés (en particulier parmi les cadres, leur part passant de 24 % en 1996 à 36 % en 2018), même si elles demeurent minoritaires parmi les emplois les mieux rémunérés.