Chronique de M. Jean-Marc Vittori, lue le 24 décembre 2008 sur le site des Echos (cliquer ici pour accéder au site des Echos)
http://www.lesechos.fr/info/analyses/4811814-simplicite-exigee-.htm?xtor=EPR-1001
En ces temps de fin d'année qui menace de tourner à la fin du monde, il est temps, cher lecteur, de faire ici un aveu. Si l'homme de l'année est Barack Obama, si l'événement de l'année est l'effondrement de la finance, si le tricheur de l'année est Bernard Madoff qui écrabouille notre Jérôme Kerviel d'un facteur dix, la phrase de l'année pourrait être : « C'est trop compliqué, on n'y comprend plus rien. » Le monde est devenu illisible. Sa crise est inintelligible. Ce n'est pas seulement un souci pour ceux qui tentent de raconter et d'expliquer le cours incroyable des événements. C'est aussi un drame pour ses décideurs. Un chirurgien a besoin de voir et de comprendre pour opérer. Les autorités américaines auraient trouvé une solution pour la banque Lehman Brothers si elles avaient saisi l'extraordinaire tissu de liens qui la reliait à la planète financière.
Inexorablement, le monde devient de plus en plus complexe. Le dessinateur Sempé l'avait bien compris, lui qui avait titré ses deux premiers albums parus il y a près d'un demi-siècle « Rien n'est simple » et « Tout se complique ». Trois forces au moins poussent à la roue. D'abord, la planète s'est ouverte. Des communautés autrefois isolées les unes des autres dépendent aujourd'hui les unes des autres. Le fait qu'une récession aux Etats-Unis puisse déséquilibrer la Chine aurait été impensable il y a vingt ans. Or la complexité d'une société ou d'un réseau augmente plus vite que sa taille. Le maire d'une ville de 100.000 habitants gère un univers plus enchevêtré que 1.000 maires de communes de 100 habitants. Aujourd'hui, le monde entier devient un village de près de 7 milliards d'habitants. Pas étonnant qu'il se complique !